Les chroniques d'Olivier - Lundi 7 novembre 2016
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LA DEFAITE NORMANDE A ROSIERES
Dès le lendemain de la défaite de son équipe de Pro Elite Féminine à Rosières contre Auxerre Vieuxchamps, Sernin Pitois, le coach de Coutainville, m’a envoyé un petit message qui m’a d’abord fait rire puis m’a donné envie d’aller plus loin : "Si tu fais un compte-rendu de Rosieres, il n’y a pas de problème pour te parler de LEUR défaite (celle des filles) ! LOL car enfin, c’est aussi la mienne !".
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J’ai donc eu encore plus envie de comprendre comment les Roses, championnes de France en titre, ont pu dominer facilement les filles de Nancy le samedi et sembler autant en difficulté et empruntées face à Auxerre Vieuxchamps le lendemain. Sernin tranche immédiatement : "Les filles d’Auxerre étaient meilleures que nous et nous les félicitons pour leur victoire. La P2 pour Vieuxchamps, qui leur donne la victoire en fin de match est logique : nous étions à 2 centimètres de faire le hold-up et, heureusement, nous faisons un poteau avec la balle de match : Vieuxchamps mérite totalement sa victoire. Tu le dis toi-même, nous avons semblé atones pendant presque toute la durée du match !".
Sernin m’explique alors les causes de la défaite : "Nous avons surtout buté sur une défense basse compacte et solidaire. Et nous n’avons pas mis en place le schéma de jeu adéquat : pourtant, Auxerre avait joué de la même façon la veille contre Montpellier et nous avions donc préparé un schéma de jeu qui n’a été que trop peu respecté". Je sens une forme d’amertume dans les propos de Sernin : "D’ailleurs, les rares fois où il a été mis en pratique, ce schéma de jeu a remarquablement bien marché !".
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J’essaie alors de comprendre pourquoi une équipe et un coach aussi expérimentés n’ont pas réussi à appliquer ce qu’ils avaient convenu ou à évoluer durant le match (hormis dans les dernières minutes où les Roses sont revenues au score dans une folle course poursuite qui aurait pu se concrétiser par le hold-up qu’évoquait Sernin quelques minutes auparavant). Sernin lâche avec un peu d’ironie : "Si on le savait, il n’y aurait pas ce problème". Puis enchaîne avec beaucoup de franchise : "Je vais te donner la vraie version maintenant : les filles ont pris Vieuxchamps de haut. Lors de la Champion’s League, je m’étais trompé lors du briefing et j’ai changé les consignes en cours de match : cela a finalement très bien marché. Contre Vieuxchamps, une fois la situation devenue très critique, les filles ont changé un peu leur façon de jouer et c’était mieux. J’ai répété les consignes à la mi-temps mais rien n’a vraiment bougé ensuite. Je coache cette équipe depuis 12 ans alors autant te dire que nous avons comme une relation de vie couple avec les joueuses : le message ne passe pas toujours… Luc Laguerre m’a dit un jour qu’être un bon coach, c’est réussir à mobiliser son équipe contre des adversaires théoriquement plus faibles : pour l’instant, j’ai donc du mal…Mais les joueuses sont par contre toujours très attentives avant les gros matches".
Quand je lui fais remarquer qu’Auxerre Vieuxchamps avait fait tomber les filles de Meurchin, alors invaincues, lors de la saison dernière à Chazey et vient de battre les championnes en titre, Sernin m’interrompt :"Il ne faut pas non plus faire de Vieuxchamps l’épouvantail de la division : au contraire, c’est une équipe très représentative de ce qu’est la Pro Elite Féminine ! Chaque équipe peut battre les équipes du haut de tableau. Vieuxchamps est une équipe qui possède une joueuse d’exception et qui fait très bien jouer ses coéquipières depuis le milieu de saison dernière". Le coach revient aussitôt sur une forme nécessaire d’humilité comme une piqure de rappel pour ses joueuses : "Si nous arrivons en sous-estimant un adversaire, que ce soit Vieuxchamps, les promus ou les autres, nous allons perdre et ce, malgré notre expérience. Et cela a été le cas dimanche pour certaines des joueuses".
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En écoutant Sernin, je devine que la défaite s’explique plus par une mauvaise approche comportementale du match que par un problème de fond dans sa formation. Le coach Normand me le confirme : "C’est sûr que nous sommes habitués avec cette équipe à rentrer avec 2 victoires donc lundi, c’était un peu dur ! Mais finalement, ce n’est que le premier week-end et il n’y a pas lieu de s’inquiéter car notre rythme et notre potentiel offensif sont là. Nous analysons notre défaite et en discutons très précisément". Une défaite un peu moins dure à avaler probablement parce que les Roses ont réussi à prendre le point du bonus défensif ? J’interroge alors Sernin sur ce qu’il pense du nouveau système sportif et s’il a coaché en y pensant… "Bien sûr que ce système comptable limite la casse mais attention, dès que les écarts vont se créer, il seront d’autant plus durs à combler ! Il est donc encore plus crucial de rester dans le bon wagon. Sincèrement, je n’ai pas pensé au bonus défensif en fin de match : il va falloir prendre ce nouveau paramètre en compte. Pour en avoir discuté avec mon coéquipier mais aussi coach d’Angers, Baptiste Vignal, nous allons devoir aussi nous approprier ce nouveau système de fin de match. Tout cela est encore tout neuf, aussi pour les joueurs d’ailleurs ! En tout cas, le système ne pénalise pas le gagnant et récompense le perdant qui a finalement manqué la victoire de peu. S’il est trop tôt pour tirer des conclusions, cela devrait donner un classement plus représentatif du niveau des équipes sur toute la durée du championnat. Je pense surtout au ventre mou du classement".
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Puisque notre conversation vient de glisser sur l’une des nouveautés du règlement, je questionne Sernin sur les autres. En commençant par l’arbitrage à 3 qui était appliqué à Rosières lors des matches cadets et Amateur Elite…
"L’arbitrage à 3 ? Je l’ai pratiqué comme arbitre en région et voici ce que j’ai remarqué. D’abord, globalement, c’est beaucoup mieux parce que tu n’es plus le seul maitre à bord, comme à cheval car on a beau dire, le référé a tout même un rôle moins important. Ensuite, à pied, tu es plus serein et concentré sur ta zone". Sernin précise aussitôt les conditions de réussite d’un tel système et les responsabilités des arbitres : "Il faut que les 3 arbitres aient l’habitude de bosser ensemble et lors des touches, il faut que l’un des 2 à pied se mette aussi dans l’alignement. Il faut arbitrer en chaussures de sport. Et peut-être le plus dur et le plus important, c’est que les 2 arbitres à pied soient complètement impliqués dans leur mission. Car c’est un peu le mauvais côté de ne plus avoir la responsabilité unique de l’arbitrage du match : on se décharge un peu sur les autres arbitres. Et ce week-end, j’ai vu certains arbitres discuter avec leurs copains dans le public ou textoter. Comme j’avais vu, quand j’arbitre en région, un gars fumer, appuyé sur la lice". Sernin enchaîne aussitôt pour ne pas laisser planer le moindre doute sur ses propos : "Si je dis cela, c’est juste pour mettre l’accent sur l’implication de l’arbitre qui, par ses bons choix, respectera les joueurs et tous les efforts qu’ils font pour jouer. J’ai gardé en moi une phrase d’Yves Verrier qui a énormément œuvré pour l’arbitrage. Yves m’a dit un jour que je serai un bon arbitre quand les joueurs ne se souviendront pas de qui les a arbitrés. Cette phrase, je l’ai gardée en mémoire car elle nous montre à quel point l’arbitre doit se fondre dans le jeu et ne doit en aucun cas être la star sur le terrain. Mais soyons clairs, je ne critique pas les arbitres, il y a assez de monde qui le fait ! J’arbitre beaucoup et je sais que la critique est facile".
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Nous continuons à discuter des autres nouveautés du règlement. Sernin me glisse que la P1 tirée par le joueur offensé est une idée sympa car se faire justice soi-même, cela fait du bien à l’égo. Et quand j’émets des réserves sur la règle consistant à jouer toutes les P3 sur la ligne médiane car j’ai trouvé que les mises en place trop longues finissaient par hacher le jeu, Sernin a un avis différent du mien :"La P3 au milieu de terrain, cela, c’est beaucoup plus intéressant. Cela me chagrinait depuis longtemps que lorsque l’on subissait une faute, on pouvait finalement voir le ballon reculer : le défenseur avait donc réussi son œuvre en éloignant le ballon du but. Faire avancer la balle quand on subit une autre me parait donc plus que logique. Pour aller plus loin, on pourrait la jouer entre le milieu de terrain et les 15 mètres".
J’ai enfin voulu savoir ce que Sernin pense des matches à la mort subite, lui qui en a vécu un samedi avec les garçons de Coutainville. "Avant de parler de mort subite, il faut avant tout signaler qu’il n’y a plus de match nul : c’est primordial dans mon observation. Je laisse les tribunes discuter du bien-fondé ou non de cette règle. Moi, je vais parler de ce que j’ai vécu contre Lille : nous venons de perdre au but en or, je soupire et tape du pied (ce qui est signe de grande frustration) et là, à côté de moi, embrassades, cris, congratulations ! Et je me surprends à me marrer de voir cela. Comme une équipe minimes qui gagne un match à Lamotte ! C’est là que je me suis dit que c’était une super idée, au lieu de finir sur un morne match nul avec frustrations et regrets des 2 cotés : on a une équipe qui a perdu à la loterie et l’autre qui a gagné. Finalement, cela crée des émotions fortes sur le terrain et donc dans les tribunes. N’est-ce d’ailleurs pas ce que l’on cherche ? Procurer des émotions au public pour qu’il en parle et revienne ? J’ai aussi noté que pour les arbitres aussi, cela rajoute du piquant et ils trouvent cela sympa aussi !". J’acquiesce en repensant aussi au suspense final du match Bordeaux vs Lille le dimanche qui a fait chavirer la foule !
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Comme Sernin vient d’évoquer la défaite à la mort subite de ses joueurs de Pro Elite, je lui demande ce qu’il pense du premier week-end de compétition de ses garçons. "Pour un premier week-end, c’est un week-end satisfaisant : nous avons largement remanié la cavalerie et cela nous offre de grandes satisfactions. Le jeu n’est pas mal, il manque des détails mais cela devrait être plutôt simple à régler. J’ai donc globalement des satisfactions et aucune déception". Battus au but en or par Lille HEM le samedi et victorieux d’un seul petit but le dimanche contre les promus de Ouest Lyon, les Roses reviennent donc de Lorraine avec trois points. Je me hasarde à une question que je qualifie immédiatement de question bête du journaliste : est-ce que Sernin trouve plus frustrant de perdre en prolongation contre une équipe en lice pour le podium ou de ne gagner que d’un but contre de valeureux promus ? "A la question bête du journaliste, j’ai la réponse con du sportif : perdre d’un but ! Même si ce n’est pas tout à fait vrai car le but en or, c’est la loterie ! Mais Lille a une très belle équipe de jeunes, une équipe d’avenir avec de nombreux joueurs qui permettront à la France de garder son hégémonie !".
Avant de quitter Sernin, je lui demande comment ses équipes et lui vont préparer les prochaines échéances de novembre : Mâcon les 19 et 20 novembre pour la Pro Elite, le Salon du Cheval à Paris les 26 et 27 novembre pour la Pro Elite Féminine. La réponse résume probablement assez bien la philosophie des Roses : "D’abord débriefing le week-end prochain pour les filles où cela va ruer dans les brancards. Et 10 minutes, après se remettre sereinement au travail et travailler pour jouer à Paris les promus Blanquefort puis Montpellier. En ne tombant pas dans la facilité car sinon, ce sera 0 point ou, avec un coup de chance, 1 point". Et pour les garçons ? "Il y a très peu de temps entre Rosières et Mâcon où nous aurons un gros week-end avec Bordeaux et Angers au programme. Mais j’aurai déjà une meilleure idée de mon équipe et de la cavalerie !".
Sernin conclut notre échange, la tête déjà aux grands rendez-vous de novembre : "Il nous tarde d’être aux prochains week-ends. Le Salon du Cheval est une épreuve particulière : je remercie encore Julie Schneider qui est à l’origine de la venue de la Pro Elite Féminine au Salon. C’est évidemment la meilleure des promotions…".
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![]() | | Olivier Leschiera a découvert le horse ball grâce à ses deux filles qui le pratiquent à Montéclin (Ile de France). Grand amateur de sport en général mais non-cavalier, il s'est épris de cette discipline et a à coeur de partager sa passion, soit en commentant régulièrement des matches (il est l'un des speakers sur l'évènement "Jardy - Horse Ball"), soit en écrivant, notamment sur la page Facebook de la HB little family qu'il a créée en ce sens. |
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